SCIENCES ET DEVELOPPEMENT
TRAVAUX DE RECHERCHE SUR LE DEVELOPPEMENT
Présenté par : NIANGORAN Stanislas T.
Etudiant en DEA de SocioAnthroplogie
niangorans@yahoo.fr
PLAN
INTRODUCTION
1- DEVELOPPEMENT DURABLE
2- SCIENCES ET DEVELOPPEMENT
3- PARADIGME ET DEVELOPPEMENT
4- THEORIE ET DEVELOPPEMENT
5- RATIONALITE ET DEVELOPPEMENT
6- IDEOLOGIE ET DEVELOPPEMENT
7- STRATEGIE ET DEVELOPPEMENT
8- CRISE ET DEVELOPPEMENT
CONCLUSION
INTRODUCTION
Le développement en tant que pratique officielle apparaît après la seconde guerre mondiale. Mais il trouve ses origines dans un contexte social et historique plus large à savoir celui de l’« occident » tel qu’il s’est constitué depuis le XVIII e siècle sur les bases de la philosophie des lumières, dont la pensée rationnelle et la croyance au progrès représente quelques uns des traits majeurs.
Cette pensée « occidentale » et l’idée de développement avec elle se sont renforcées au XIXe siècle avec l’industrialisation et la mise en place d’un système capitaliste de production.
Aujourd’hui tout le monde ne jure que par le développement. Ce concept est au centre de toutes les activités humaines, que ce soit en politique, en économie, en sciences etc. Dans cette analyse nous essayerons de mettre ce concept de développement en relation, en rapport avec d’autres termes afin de mieux le cerner.
1- DEVELOPPEMENT DURABLE
Le concept de développement évolue dans le temps. Faisant un petit historique du concept on voit avec les renseignements généreux (2006) que la naissance du concept se situe après la seconde guerre mondiale, en pleine période de colonisation. Et le point de départ de ce concept serait le discours du président Truman (le 20 janvier 1949) que nous citons les points clés :
- Les pays occidentaux sont développés, les autres sont sous développés.
- Les causes du sous développement sont internes aux pays du sud. Ces derniers souffrent d’un
manque de progrès techniques et économiques.
- L’occident doit diffuser ces progrès techniques et économiques.
- Cette mission se veut humaniste : il s’agit de « supprimer la souffrance des populations », « éradiquer les maladies » etc.
Selon ce discours la base du développement c’est le progrès technologique et industriel. A ce sujet différent termes vont être utilisés pour les catégoriser, désigner les pays du Sud, entre autres termes on a : pays sous développé, pays en voie de développement etc.
Aujourd’hui avec la mondialisation, au concept de développement est associé un autre terme, pour donner le nouvel concept de développement durable qui est un modèle de développement économique et social visant à assurer la pérennité du patrimoine naturel de la terre.
Serge Antoine dans son article les septe vertus du développement durable publié dans la revue Comité 21 nous trace un peu l’historique de ce nouveau concept. Le concept est ancien (si l’on le prend) dans sa dimension environnementale. C’est en 1971 que des économistes et des environnementalistes réfléchissent face à l’indifférence des pays en développement au concept d’environnement, qu’ils considèrent comme une complainte des pays industrialisé riches. C’est la conférence de Stocklm en 1972 qui pose les bases du concept, mais prendre une dimension internationale en 1992 au sommet de Rio, qui prend en compte d’autres volets en plus de l’environnement naturel, l’environnement humain et économique. Le concept de développement durable se résume en la mise en œuvre d’une utilisation et d’une gestion rationnelle des ressources naturelles, humaines et économiques, visant à satisfaire de manière appropriée les besoins fondamentaux de l’humanité.
Cependant l’interrogation ici c’est : est ce que les conditions de la mise en œuvre et de réussite du développement durable sont ou seront respectées ? La réponse à cette interrogation se trouve dans le bilan de la mise en œuvre du programme du développement durable. De ce bilan l’on retient qu’il y a échec. Echec du à la mésentente entre les chefs d’Etats sur une déclaration commune. Les grandes puissances eux continuent leurs productions industrielles sans être inquiétées et au même moment l’on demande aux pays en émergences de réduire leurs productions. Cette situation nous amène à dire que ce nouveau concept est une autre forme de domination de l’occident, des pays du Nord sur les pauvres pays du Sud, mais aussi à la question du rapport science et développement.
2- SCIENCES ET DEVELOPPEMENT
En introduction au colloque des pays francophones à Paris (France) les 13 et 14 Mai 1998, sur le thème « science et développement » le vocable science est compris dans son accession le plus large, englobant les sciences de la nature, les sciences technologiques, les sciences humaines et les sciences exactes. Quant au terme développement il est compris comme le développement durable. Il ne s’agit plus ici de protection de l’environnement et de la nature, mais bien d’assumer la décision politique et juridique collective au sujet de notre agit et ses conséquences incertaines pour le futur.
Le croisement sciences et développent recouvre ici les aspects liés à l’utilisation et à l’application des sciences pour le développement et l’intégration de la science et des scientifiques dans la société et les aspects liés à la coopération scientifique.
Nous savons que les pays en développement sont à dominante agricole et doivent s’adapter aux changements socio-économiques en même temps faire face aux graves problèmes de sécurité alimentaire, de santé des populations, de pauvreté et de dégradation de leur environnement. Face à de tels enjeux, le développement de ces pays se heurte à des obstacles économico-politiques mais surtout à l’insuffisance de leurs ressources scientifiques et technologiques. Pour dire que le développement ne peut se faire en marge de la science. Et cela se justifie bien avec les exemples des pays du Nord, dotés de dispositifs scientifiques puissants, ce qui justifie leur appellation de pays développés. Ils ont mis à profit leur connaissance scientifique pour le développement de leur Etat. Aujourd’hui l’inquiétude des pays dits développés est la maîtrise des effets perturbateurs de leur développement industriel et technologique sur l’environnement et la société.
En ce qui concerne la coopération, entre le Nord et le Sud le constat actuel est une baisse de l’aide au développement des pays du Nord au pays du Sud basé sur la logique de transfert de connaissances. Logique qui ne correspond pas souvent pas aux contextes du Sud. L’enjeu pour un nouvel engagement de la science au XXIe siècle est de trouver de nouvelles modalités pour évoluer des anciennes logiques vers une nouvelle logique de partage de la science en tenant compte du contexte au Sud est marqué par une grande insuffisance des dispositifs scientifiques.
Le rapport du colloque international de l’académie royale des sciences d’outre mer sur le terme « sciences et développement perspective pour le 21e siècle» tenue à Bruxelles (Belgique) les 3 et 4 Décembre 1998 montre bien ce déséquilibre entre le Nord et le Sud. Comme illustration on a dans la production et l’utilisation de la science et connaissances technologiques 90% des publications scientifiques proviennent du Nord, 10% sont produite par le Sud dont à peine quelque 0,7% par l’Afrique. Cette illustration montre aussi l’insuffisance du dispositif scientifique par exemple en Afrique. Comment prétendre alors le développement si l’on ignore ou refuse l’arme du développement qui est la science (la production scientifique et technologique).
Cependant il faut faire attention avec cette arme à double tranchante tant elle est un vecteur de développement, de progrès, tant elle a des effets pervers dévastatrices. On parlera de science bivalente. L’une des solutions pour réduire ou freiner l’effort négatif de la production scientifique sera de prendre en compte les soubassements culturels au sein des quels s’insèrent des démarches scientifiques. HOCINE Khel Faoui nous donne un bel rapport entre science et développement dans l’interprétation de la science au développement. Expérience Maghrébine » Même si les pays maghrébins restent des pays en développement, il faut leur reconnaître par rapport aux restes des autres pays africains, un développement économique, un progrès scientifique, qu’ils ont su intégrer à leur culture. Pour dire que la production scientifique ne doit pas être considérée comme la panache des seules sociétés occidentales. Avec le nouvel paradigme du développement durable une chance est donc donnée aux pays du Sud pour refaire leur retard sur le Nord.
3- PARADIGME ET DEVELOPPEMENT
Avec le nouvel paradigme de l’action collective : le développement durable, comme la présente science po. Pour elles la référence au développement durable s’est imposée dans le discours des responsables politiques, des dirigeants d’entreprises, des institutions internationales et de la société civile. Elle a fait naître un large débat à l’échelle international sur les objectifs de ce développement sur les responsabilités nouvelles des différents acteurs et sur les politiques, économiques, juridiques, et culturels nécessaire à des pratiques renouvelées, pour dire que dans ce processus de globalisation auquel nous nous intégrons les questions d’ordre politique publique (environnement, santé, pauvreté, migration etc.) doivent être abordées dans leur totalité dans leurs différences implications les uns aux autres.
Ce nouveau paradigme qui est devenu le paradigme d’une vision renouvelée des politiques publiques opère progressivement dans les institutions internationales. Il est aujourd’hui la référence en matière de croissance de politiques nationales comme locales. Et plus il devient une composante essentielle de la stratégie des entreprises. L’exemple le plus partant d’intégration de ce nouveau paradigme dans la vision renouvelée des politiques est celui du Brésil. Et son Président Fernando Henrique Cardoso le démontre bien en ces termes : « je vous annonce avec plaisir que le Brésil a fait des progrès dans ce sens depuis 10 ans (1992-2002), les brésiliens sont aujourd’hui très conscients de l’importance du développement durable pour leur avenir […] Le Brésil a fait des efforts considérables pour lutter contre la pauvreté. Ceux-ci se traduisent déjà par des changements au niveau des indicateurs sociaux comme la mortalité infantile et la scolarisation qui seront certainement bientôt visibles dans les indicateurs économiques.[..] Notre approche est celle d’un pays qui comprend que le développement durable consiste à inclure et à intégrer les aspects locaux, nationaux et mondiaux. »
On parle ici d’un changement de paradigme avec le nouveau paradigme du développement durable. Mais ce qui est à retenir c’est que ce nouveau paradigme ne fait pas disparaître automatiquement les anciens paradigmes de développement. On assiste donc à l’émergence simultanée de deux paradigmes.
Définissant le nouveau paradigme nous dirons que c’est une nouvelle vision des choses et du monde de nouvelles analyses et systèmes explicatifs. Il faut le signifier l’idée de nouveau paradigme a été développée parc Thomas KUHN (Théorie des révolutions scientifiques 1983). Quand un paradigme naît, il apparaît dans tous les discours, il est traqué dans tous les domaines. Mais dans la réalité on découvre qu’il n’y a pas en général de cohérence sur le fond. Car les anciens paradigmes persistent toujours. Cette remarque va être faite par Fernando Henrique Cardoso en ces termes : « le monde a changé depuis le sommet de Rio en 1992, mais pas toujours en bien, malheureusement. Certains pays répugnent à intégrer le concept du développement durable à leur planification gouvernementale stratégique à respecter les engagements du programme Action 21. Ils retardent même leur contribution aux initiatives internationales prises pour atténuer l’impact des activités humaines sur l’environnement. On assiste même à une prédominance des idées encore plus conservatrice. »
Ce qui est à retenir c’est qu’il n’est pas facile d’opérer un changement de paradigme de cette ampleur. Tout ce passe au niveau du sens et de la position épistémologique de ce nouveau concept. Ceci dit voyons la théorisation de ce concept.
4- THEORIE ET DEVELOPPEMENT
Dans les années 60 et 70, la théorie de la mondialisation basée sur les principes évolutionnistes de progrès et de connaissances scientifiques va être défiée par d’autres théories telles que les théories néo marxistes. De nouvelles théories ont été élaborées et de nouvelles perspectives se sont ouvertes pour les anthropologues travaillant dans ou sur le développement. Cette nouvelle théorisation du développement qui va permettre la mise en place de nouvelles catégorisations entre pays industrialisés et pays pauvres. Mais dans la pratique c’est un autre constat selon Hobart (1993), cette nouvelle théorie du développement ne tient pas compte des opinions et des idées des peuples du Sud qu’il considère d’intérêts secondaires. Et leur impose des modèles de développement basé sur l’expérience occidentale.
Il est à noter que la théorie de la modernité fondée sur des bases « essentiellement évolutionnistes » part de pays sous développés à pays hautement industrialisés, fonctionnant sur un mode de production capitaliste, en passant par la mise en place d’Etat-nation démocratique. Cette théorie du développement de W. W Rostow (les étapes de la croissance économiques 1960) va être critiquée par Gardner et Lewis (1996) pour ces défaillances en ce sens qu’il ne tient pas compte des facteurs historico-politiques des pays pauvres et la non prise en compte des savoirs locaux.
Cependant le grand constat est que malgré ces critiques des défauts si évidents, cette théorie de la modernisation demeure et est le plus rependu. Il est à souligner que d’autres théories ont été élaborées pour contester cette théorie entres autres :
- La théorie de la dépendance (1960) basée sur la libéralisation et la capitalisation des marchés des pays du Sud. A cet effet Samir Amin (1973) dira que l’accumulation des caractères du sous développement au fur et à mesure de la croissance économique de la périphérique débouche nécessairement sur le blocage de la croissance, c'est-à-dire l’impossibilité […] de passer à une croissance auto centré et auto dynamique des pays du Sud.
- La théorie du système-monde (1970), qui se caractérise par une analyse très globale de l’influence de l’économie capitaliste sur le tiers-monde et son développement.
- La théorie des modes de production (Godelier, 1973) Différente des théories précédentes, elle étudie les différentes modes de productions à un niveau local et analyse la façon dont ils fonctionnent entre eux.
Cependant à ces théories il va être reproché une approche trop historiciste et téléologique. De ces critiques N. Long (1996) et A. Escobar (1995) vont introduire «l’approche centrée sur l’acteur ».
Approche qui donne à l’individu toute sa place dans la théorie du développement. La prise en compte des savoirs locaux et la promotion des initiatives locales sont donc des perspectives enrichissantes pour l’avenir des théories et pratiques du développement. Ceci nous amène à voir la rationalité dans la pratique des programmes de développement.
5- RATIONALITE ET DEVELOPPEMENT
Avec Jules Dumas Nguebou (Rationalité du développement ou rationalité multiple de la réalité,
1999) l’on peut percevoir l’intérêt à prendre en compte les savoirs locaux dans l’établissement des programmes de développement. Dans l’exemple camerounais qu’il nous présente, l'on voit bien l’échec des programmes et des plans d’actions gouvernementaux établis en marge des considérations populaires. Nous dirons que si les programmes de développement se veulent rationnels, ils doivent être rédigés en tenant compte des réalités locales, sans préjugés et faux jugements de valeurs.
6- IDEOLOGIE ET DEVELOPPEMENT
La question de la rationalité nous amène à aborder celle de l’idéologie dans le développement. Comment l’idéologie peut favoriser le développement durable ? Betty Wampfler, (1994) avec l’exemple des populations de Laguiole, montre bien comment le concept de développement local quitte le stade de l’idéologie pour devenir réalité applicable sur le terrain et dont les résultats sont mesurable en terme de nombres d’emplois, de croissance démographique et d’accroissement global de richesse. La réussite de tel programme demande la mise en œuvre de stratégie.
7- STRATEGIE ET DEVELOPPEMENT
Toute action ne peut être menée sans stratégie. La stratégie est la combinaison d’opération pour atteindre un objectif. A cet effet la stratégie en faveur du développement n’est rien d’autre que les actions a mené pour la réussite des programmes de développement. En faveur du développement durable, l’union européenne établit une stratégie à long terme qui vise à concilier les politiques ayant pour objet un développement durable au point de vue environnemental, économique et social, afin d’améliorer de façon durable le bien être et les conditions de vie des générations présente et future.
8- CRISE ET DEVELOPPEMENT
Se referant aux précédentes théories du développement, si l’on cherche à avoir un développement durable, c’est qu’il a une crise du développement en termes de conséquence négative sur l’environnement naturel, l’environnement humain et l’environnement social et économique etc. c’est donc pour réduire et éviter ces effets négatifs que l’on veut par tous les moyens mettre en place des actions de développement qui prennent en compte les réalités des populations et qui pourrait duré plusieurs années, autrement dit un développement transcendant plusieurs générations.
En effet selon le rapport mondial sur le développement humain 2003 du PNUD, l’indicateur du développement humain relève une crise de développement. Dans ce rapport 21 pays voient leur situation socioéconomique se dégrader au cours des années 90. Dans son message alarmant du 08 juillet 2003 (New York) le PNUD dit ceci : « le monde est confronté à une grave crise du développement, caractérisée par des recules socioéconomiques substantiels et durables dans de nombreux pays pauvres. » Cette crise du développement dans les pays pauvre est sans doute due au faite que les programmes de développement qui leur ont été proposé jusque là ne correspondes pas avec leur réalités et donc inapplicable sur le terrain.
CONCLUSION
Pour conclure notre travail, nous dirons que le développement tel que conçu par l’occident avec les idéologies européennes ne peut pas être une réussite en tout point en Afrique. Le développement de l’Afrique doit venir des africains, des scientifiques africains. Cependant ces derniers doivent aussi savoir prendre en compte les rapports de valeurs faits sur les faits et phénomènes relatifs au développement. Pour dire que les chercheurs, développeurs et autres doivent adopter la loi de la neutralité éthique et axiomatique de Max Weber pour l’avancer de la science et par conséquence le développement des pays du Sud.
posté le 29 Juillet 2008
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